samedi 9 mars 2013

Plus jamais ça

Intéressante dernière livraison (disponible en podcast), sur France Culture, de l'émission RÉPLIQUES , sur le thème de l'autorité en démocratie, avec Jean-Claude Monod (Auteur) docteur en philosophie, chercheur au CNRS et Pierre-Henri Tavoillot philosophe, maître de conférence à Paris IV.

On y expose les logiques d'anti-pouvoir qui contraignent aujourd'hui les dirigeants politiques: en premier lieu la remise en cause du "cratos" dans la démo-cratie, sorte de désir néo-anarchiste d'avoir le peuple sans le pouvoir. Et la confusion des genres et des temps de la démocratie, qui devrait idéalement consister en une procédure: élection - délibération - décision - reddition de compte.
Sous l'effet de l'exigence des nouveaux médias, l'accent est mis sur l'immédiateté, et peu d'écho est donné à la réflexion. On exige la compétence mais refuse l'expertise...

Avec au passage quelques citations intéressantes et désabusées de Michel Rocard, comme toujours terriblement clair dans son analyse de l'exercice de l'état:

« L’opinion publique est devenue consumériste et d’une certaine façon, presse aidant, les responsables politiques, fussent-ils président ou Premier ministre, peuvent être insultés à merci. Et cela c’est insupportable pour les proches. Moi-même, si c’était à refaire, je ne referais pas ce métier. La rapidité des techniques, la mondialisation financière font que l’espace de responsabilité du gouvernement de la république française a considérablement diminué, alors même que les gens vous rendent responsables de tout. La profession politique ne bénéficie plus du respect qu’on avait pour elle du temps où elle passait pour efficace c’est-à-dire du temps du plein emploi. Aujourd’hui on nous insulte, on nous veut pauvres et on nous moque. Nos rois avaient leurs bouffons, mais le bouffon du roi n’entrait pas dans la cathédrale. Aujourd’hui les bouffons occupent la cathédrale, et les hommes politiques doivent leur demander pardon. Ce qui fait que ne viendront plus à la politique que les ratés de la profession. »
L’Enfer de Matignon : Ce sont eux qui en parlent le mieux, Raphaëlle Bacqué, Points, 2010

« Le métier politique consiste à revendiquer le pouvoir, lequel a deux fonctions principales dans la société. Un, c’est d’y exercer le monopole public de la violence pour ne pas la laisser à la violence privée – il y faut de la police – ou à la violence internationale – il y faut se défendre. Et deux, de canaliser la circulation de l’argent. On touche au sale, par définition. Et on se salit quand on touche au sale, même si les motifs sont propres. Et quiconque prétend faire de la politique en négligeant ces deux aspects est un amateur, et tant qu’angélique il est dangereux. »
Michel Rocard, À voix nue, France Culture, 25 avril 1991

« Nous sommes le seul pays d’Europe où […] l’action publique est lourdement entravée par le manque de conscience collective de vérités comme « la gratuité n’existe pas, tout service a toujours un coût » ou comme « tout déficit doit finalement être résorbé, tout prêt doit finalement être remboursé »
L’inculture économique française n’épargne personne, Sylvain Besson, Le Temps, 2008

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