dimanche 5 février 2023

Plus belle la vie !

 C’est une chose étrange à la fin que le monde 

Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent
Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix

D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant

C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre

Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n’est qu’un commencement

Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l’échiné et le cœur dévasté
Cet impossible choix d’être et d’avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche

Malgré la guerre et l’injustice et l’insomnie
Où l’on porte rongeant votre cœur ce renard
L’amertume et
Dieu sait si je l’ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie

Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu’on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu’on aime et de ce qu’on croit un martyre

Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon
Dieu qui ne savent pas ce qu’ils font

Malgré l’âge et lorsque soudain le cœur vous flanche
L’entourage prêt à tout croire à donner tort
Indiffèrent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche

La cruauté générale et les saloperies
Qu’on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu’on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d’une injure ou d’un cri

Cet enfer
Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu’on voulait pourtant ce qu’on voulait
De toute sa croyance imbécile à l’azur

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle


Louis Aragon



mardi 25 décembre 2018

Laïcité

La République française admet, protége toutes les croyances : quelle que soit la voie que l’être humain se fraye vers son idéal, cette voie nous est sacrée ; nous la respectons et nous entourons ceux qui la suivent d’une égale sollicitude.
Gaston Doumergue inauguration de la mosquée de Paris

vendredi 6 janvier 2017

Fraternité

La France a deux choses très fortes que je ne vois chez nulle autre nation. Elle a à la fois le principe et la légende, l'idée plus large et plus humaine, et en même temps la tradition plus suivie. Ce principe, cette idée, enfouis dans le Moyen-Age sous le dogme de la Grâce, ils s'appellent en langue d'homme la fraternité. Cette tradition, c'est celle qui fait de l'histoire de France celle de l'humanité. En elle se perpétue, sous formes diverses, l'idéal moral du monde, de Saint-Louis à la Pucelle, de Jeanne d'Arc à nos jeunes généraux de la Révolution. Le sein de la France, quelle qu'il soit, est celui de toutes les nations. Il est adopté, béni et pleuré du genre humain. Pour tout homme, disait impartialement un philosophe américain, le premier pays, c'est sa patrie, et le second, c'est la France. Mais combien d'hommes aiment mieux vivre ici qu'en leur pays ? Dès qu'il peuvent un moment briser le fil qui les tient, ils viennent, pauvres oiseaux de passage, s'y abattre, s'y réfugier, y prendre au moins un moment de chaleur vitale. Ils avouent tacitement que c'est ici, la Patrie universelle. Cette nation, considérée ainsi comme l'asile du monde, est bien plus qu'une nation. C'est la fraternité vivante. En quelque défaillance qu'elle tombe, elle contient au fond de sa nature ce principe vivace qui lui conserve quoi qu'il arrive des chances particulières de restauration. Le jour où se souvenant qu'elle fut et doit être le salut du genre humain, la France s'entourera de ses enfants et leur enseignera la France comme foi et comme religion, elle se retrouvera vivante et solide comme le globe.
Jules Michelet - Le Peuple (1846)

Quand j’ai quitté la Colombie pour la France à 18 ans, la France représentait Sartre, la Révolution française, la justice. Je pensais que tout le monde y était très poli avec un langage soigné et soutenu. « Bonjour cher Monsieur, où est le métro Saint-Michel je vous prie ? »... Et puis on arrive et c’est : « Salut les meufs ! » ; un grand décalage. Mais je suis heureux d’avoir traversé les années et d’avoir vu la France nue, de l’avoir démystifiée. On est parfois déçu lorsqu’on voit les gens nus. Moi, au contraire, je suis de plus en plus amoureux. Je l’ai vue nue et je l’aime. J’ai une image très forte de Marianne. Pour moi, elle n’est pas une femme dans un tableau de Delacroix. Marianne existe. Quand j’étais SDF, que je vivais dans le métro, cette Marianne m’a donné la main, elle m’a embrassé, m’a serré dans ses bras et m’a donné son sein.
Elle m’a transmis ce rêve libertaire. Même si la France et certains Français l’oublient, ce pays est une lumière, un pays de justice, une nation phare, plus ou moins brillant suivant la tempête, mais qui brille aux yeux du monde.
Yuri Buenaventura - Salsero 

jeudi 30 juin 2016

Europe's finest hour

However matters may go in UK or with the UK Government or with another Government of the British Isles, we in this continent and in the European Union will never lose our sense of comradeship with the British people. Even if some of our 27 member states were to be called upon to endure what they are now suffering we shall emulate their courage, and if final victory rewards our toils they shall share the gains, aye. And freedom through the union of all European shall eventually be restored. We abate nothing of our just demands— no benefits from the Union for those who oppose the Union, but in the future, all who will reunite their causes to our own shall be restored.
What some had called the Battle of Britain is over ... the Battle for a stronger Europe is about to begin. Upon this battle depends the survival of a free and peaceful Europe. Upon it depends our own European life, and the long continuity of our institutions and our Union. The whole fury and might of our opponents must very soon be turned on us. "UK Leave" leaders know that they will have to break us in our Union or remain isolated an desolated. If we can stand up, all Europe may be freed and the life of the world may move forward into broad, sunlit uplands.
But if we fail, then the whole world, including the United States, including all that we have known and cared for, may sink into recession, and maybe even into the abyss of a new dark age made more sinister of European nations fighting each other. Let us therefore brace ourselves to our duties, and so bear ourselves, that if the European Union last for a thousand years, men will still say, This was their finest hour.

lundi 6 juin 2016

Identités (2)

  Longtemps, être français a consisté à être fidèle. À une famille, à une terre, à un paysage, à un passé, à un homme. Aux Capétiens, à l'Île-de-France, à nos morts et à nos héros, à saint Louis, à Jeanne d'Arc, à la Déclaration des droits de l'homme, à la Nation, à l'Empereur. Les traîtres étaient ceux qui n'étaient pas fidèles et qui, oublieux de ce qu'ils étaient et de leurs obligations, se mettaient au service des princes étrangers, comme ce connétable de Bourbon passé à Charles Quint et à qui Bayard faisait honte en mourant.

dimanche 20 mars 2016

Quand la Chine nous éveillera

Je viens de terminer un livre singulier et passionnant: De l'Être au Vivre, lexique euro-chinois de la pensée par François Jullien. Une lecture pas loin d'être indispensable pour les Occidentaux qui vivent au contact du monde chinois (Chine, Japon ou Corée) et qui en pratiquent la langue, mais aussi sans doute pour tous ceux dont la curiosité sera excitée à réfléchir au fait que, par exemple, la culture 文化  est, dans la langue et la pensée chinoise, une transformation 化.  

J'en recopie ici, pour le garder sous la main, un compte-rendu que l'auteur a fait en 2015 dans le Nouvel Obs (lien) :

samedi 9 août 2014

Chiites et Sunnites

Émission intéressante sur France culture dont je veux garder une trace écrite, sur l'antagonisme entre Sunnites et Chiites, expliqué par Joseph Maïla, professeur de relations internationales, ancien directeur du pôle religion au ministère des Affaires Étrangères.



La séparation entre Chiites et Sunnites résulte d’une querelle sur la succession de Mahomet, après l’assassinat d’Ali, gendre et cousin du prophète, en 661.
C’est au départ une querelle politique, et pas un affrontement sur le dogme.

samedi 5 juillet 2014

Liaisons dangereuses (2)

J'avais entrepris dans un post précédent (Liaisons Dangereuses -1) l'historique des relations diplomatiques mouvementées entre le Japon et la Corée de 1945 à 2012. Je continue ici le fil d'une histoire qui décidément, ne s'éclaircit pas...






Rappel de l'épisode précédent:

La présidence de Lee Myung-Bak, élu fin 2007, avait commencé sous les meilleurs auspices, et une coopération renforcée entre le Japon et la Corée, en particulier pour faire front commun face à l'instabilité nord-coréenne, avait vu le jour. Hélas, cette entente presque cordiale a succombé sous les coups des préoccupations politiciennes des deux bords, et en premier lieu en raison de l'amateurisme du gouvernement coréen:

mercredi 19 mars 2014

Lignes de partage

Trois articles dans Le Monde Diplomatique de ce mois, qui valent la peine d'être notés:

Le premier rapporte la prise de position de Lawrence Summers, ancien président de Harvard, lors de la conférence annuelle du FMI en novembre dernier= le capitalisme s'est-il pris au piège d'une "stagnation séculaire", en partie liée à la croissance des inégalités ?
Le constat est le suivant = le rendement du capital investi dans la production (le taux d'intérêt dit naturel) ne cesse de baisser depuis 3 décennies, provoquant la régression de l'investissement productif. Les détenteurs de capitaux s'orientent donc pour maximiser leurs profits vers des investissements financiers qui tirent leur rendement de ponctions croissantes sur la valeur ajoutée, i.e. qui se nourrissent de la baisse des salaires, laquelle amène à la réduction de la demande. On arrive ainsi à une situation économique structurellement en stagnation.

dimanche 8 décembre 2013

Docere, delectare

A. Finkelkraut réunit sur France Culture les auteurs Régis Debray et Jean Clair, pour un échange dont certains passages méritent d’être notés.

Jean Clair: "La devise de Poussin était « Docere, Delectare », deux choses dont l’une a été oubliée. Delectare, c’est réjouir les sens, c’est du côté du sensible, mais docere c’est du côté de l’intelligible et de la compréhension. Et ça nous l’avons oublié, en particulier en France, parce que nous avons substitué les écrivains aux philosophes. Et les écrivains, si grands soient-ils, n’ont fait qu’exprimer leur sensibilité par rapport à une oeuvre d’art, et n’ont jamais fait appel à leur savoir et à leurs connaissances, puisqu’ils n’en avaient pas…"

Régis Debray: "Le défi de l’art, c’est: «comment rendre comestible l’innommable réalité du monde», comme disait Claude Simon, c’est à dire rattraper par les mots des sensations, celle d’une couleur ou d’une forme. Cela dit, je suis d’accord avec Jean Clair pour dire que tout procède de l’intelligible, et notamment d’un dogme qui est le dogme de l’Incarnation, c’est à dire que si nous avons nous, disons, l’autorisation d’avoir des images, à commencer par les images du Divin, et des images du Transcendant, c’est par un formidable exploit théologique, unique dans les religions monothéistes, qui est le dogme de l’Incarnation. »

dimanche 31 mars 2013

Le Goût des Autres (2)


Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
Dans son brillant exil mon coeur en a frémi ;
Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
Comme les pas connus ou la voix d'un ami.

Montagnes que voilait le brouillard de l'automne,
Vallons que tapissait le givre du matin,
Saules dont l'émondeur effeuillait la couronne,
Vieilles tours que le soir dorait dans le lointain,

Murs noircis par les ans, coteaux, sentier rapide,
Fontaine où les pasteurs accroupis tour à tour
Attendaient goutte à goutte une eau rare et limpide,
Et, leur urne à la main, s'entretenaient du jour,

Chaumière où du foyer étincelait la flamme,
Toit que le pèlerin aimait à voir fumer,
Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?...

Lamartine -   Milly ou la terre natale

Le Goût des Autres

Il semble que tout l’effort industriel de l'homme, tous ses calculs, toutes ses nuits de veille sur les épures, n'aboutissent, comme signes visibles, qu'à la seule simplicité, comme s'il fallait l’expérience de plusieurs générations pour dégager peu la courbe d'une colonne, d'une carène, ou d'un d'avion, jusqu'à leur rendre la pureté élémentaire de la courbe d'un sein ou d'une épaule. 
A. de Saint-Exupéry - Terres des Hommes

Dévoilée en 2003 au concours d'Élégance de Pebble Beach, la Maserati Quattroporte semblait avoir atteint cette quintessence. Dessinée par le célèbre bureau de design automobile Pininfarina, cette voiture de prestige restera sans doute comme un des exemples les plus aboutis de l'art automobile du début du 21ème siècle.


2013       -       2009

Hélas, cette voiture n'est plus. Sommés de développer une gamme complète de véhicules et de multiplier par 10 les ventes de la marque, les designers ont revu leur copie pour concevoir un véhicule sans doute plus en ligne avec les goûts exprimés dans les études de marché... 

mercredi 20 mars 2013

Les amis de mes amis sont mes amis


Je me demande par quel tour de passe-passe mon adresse e-mail, confiée au Consulat de France à mon arrivée dans mon pays de résidence, se retrouve aujourd'hui dans les fichiers de Jean-François Copé , lequel invite ce matin son "cher ami" (c'est moi) à faire à l'UMP "un don dès aujourd'hui !"

Ou plutôt je ne me demande plus, ayant retrouvé un courriel de Nicolas Sarkozy daté du 26 mars 2012 où il était indiqué en petits caractères : "en tant que Français résidant hors de France, vous recevez cet email car vous êtes inscrit(e) sur les listes électorales consulaires 2012 de votre pays de résidence. Cet email vous est adressé à des fins d'informations comme la Loi l'autorise (Article L330-4 du Code électoral)".
Lequel article, relatif aux élections des députés établis hors de France, n'autorise pas grand chose concernant l'envoi de courriels, mais explique l'origine de la fuite : tout parti ou groupement politique représenté par un mandataire dûment habilité peut prendre communication et copie des listes électorales de la circonscription au poste consulaire. Et l'adresse e-mail figure apparemment dans le fichier des listes électorales.

Quand même, tout ceci est-il bien compatible avec les articles 226-20 et suivants du code pénal : Le code pénal sanctionne la conservation des données pour une durée supérieure à celle qui a été déclarée... Les informations ne peuvent pas être réutilisées de manière incompatible avec la finalité pour laquelle elles ont été collectées.... Seules les personnes autorisées peuvent accéder aux données personnelles contenues dans un fichier. Il s’agit des destinataires explicitement désignés pour en obtenir régulièrement communication et des «tiers autorisés» ayant qualité pour les recevoir de façon ponctuelle et motivée. (source: CNIL) ?

samedi 9 mars 2013

Plus jamais ça

Intéressante dernière livraison (disponible en podcast), sur France Culture, de l'émission RÉPLIQUES , sur le thème de l'autorité en démocratie, avec Jean-Claude Monod (Auteur) docteur en philosophie, chercheur au CNRS et Pierre-Henri Tavoillot philosophe, maître de conférence à Paris IV.

On y expose les logiques d'anti-pouvoir qui contraignent aujourd'hui les dirigeants politiques: en premier lieu la remise en cause du "cratos" dans la démo-cratie, sorte de désir néo-anarchiste d'avoir le peuple sans le pouvoir. Et la confusion des genres et des temps de la démocratie, qui devrait idéalement consister en une procédure: élection - délibération - décision - reddition de compte.
Sous l'effet de l'exigence des nouveaux médias, l'accent est mis sur l'immédiateté, et peu d'écho est donné à la réflexion. On exige la compétence mais refuse l'expertise...

Avec au passage quelques citations intéressantes et désabusées de Michel Rocard, comme toujours terriblement clair dans son analyse de l'exercice de l'état:

mardi 13 novembre 2012

Que le meilleur gagne

Quand il écrivit ce texte en 1916, le poète et Prix Nobel Rabîndranâth Tagore parlait du progrès scientifique, qui menaçait les fondements naturalistes du Japon ancien. Un siècle plus tard, en replaçant "science" par "néo-libéralisme", le texte garde toute son actualité :

Vouloir baser la société sur les principes de la lutte pour l'existence, c'est oublier que l'existence humaine n'est pas faite seulement par la surface des choses. L'homme existe véritablement au travers d'un idéal de perfection, dont les limites n'ont encore jamais été mesurées. Une vie basée sur des principes scientifiques est attirante pour certains hommes, parce qu'elle a toutes les caractéristiques d'un sport de chasse ; elle paraît sérieuse, mais elle n'est pas profonde. 
Quand on va à la chasse, on est d'autant meilleur que l'on a moins de pitié ; parce que l'objectif unique de la chasse est de poursuivre le gibier et de le tuer, d'avoir la sensation que l'on est un animal supérieur, employant une méthode de destruction rigoureuse et scientifique. C'est parce que le chasseur est un être superficiel - la profondeur de son humanité ne vient pas le contrarier - qu'il réussit à tuer des vies innocentes et qu'il y prend plaisir. 
Une vie qui suit les mêmes principes ne peut être qu'une vie superficielle. Elle recherche le succès avec méthode et rigueur, et ne tient aucun compte de la nature supérieure de l'homme. Mais même la science ne peut réussir à séparer l'humanité de sa vérité ; et les esprits qui sont assez grossiers  pour bâtir leur vie sur la supposition que l'homme n'est qu'un chasseur, et que son paradis est régi par les lois du sport, auront un jour un réveil difficile, au milieu de leur trophées de squelettes et de crânes.
[...] Je peux voir leur slogan, emprunté à la science, "Survival of the Fittest," grand écrit en frontispice de leur histoire récente — un slogan qui signifie, "Servez-vous, et ne vous souciez jamais de ce qu'il en coûte à autrui"; le slogan de l'homme aveugle, qui ne croit qu'en ce qu'il peut toucher, parce qu'il ne peut pas voir. Mais ceux qui peuvent voir, savent que les hommes sont si intimement liés, que si vous frappez les autres le coup vous revient immanquablement. La loi morale, qui est la plus grande découverte de l'homme, est la découverte de cette merveilleuse vérité, que l'homme devient d'autant plus véritable qu'il se réalise dans les autres.


lundi 17 septembre 2012

L'Oeil Écoute

Cette après-midi passée à arpenter les allées du KIAF (Korean International Art Fair) est l'occasion de relever dans mon blog-notes combien la Corée est un pays riche en artistes de qualité. L'art contemporain coréen apporte une approche des couleurs et des matières qu'on ne retrouve pas, je crois, ailleurs.

Mes artistes préférés :

jeudi 30 août 2012

Liaisons dangereuses (1)

2007 - au temps de la coopération renforcée...
Alors que les relations diplomatiques entre Japon et Corée connaissent un moment difficile, il peut être intéressant de s'en remémorer l'historique.


Je l'ai fait à l'aide de mes souvenirs pour la période 1987-2012, et de l'excellent livre "Japan's Foreign Policy, 1945-2009", par Kazuhiko Togo, un diplomate japonais qui sait faire la part des choses et exposer sans passion les vues de la partie adverse et les erreurs de son propre camp.

mardi 5 juin 2012

Nous entrerons dans la carrière

La forte médiatisation en Corée de la nomination de Fleur Pellerin m'a fait rechercher les origines dans le gouvernement de la République de ce qu'on appelle aujourd'hui les minorités visibles.

J'avais longtemps pensé que le premier représentant en fut Blaise Diagne, Sénégalais de Gorée (précision importante car les habitants de Gorée, comme de Saint-Louis du Sénégal, de Dakar et de Rufisque, furent citoyens français d'avril 1792 à l'indépendance du Sénégal).
Enfant adopté comme Fleur Pellerin, Blaise Diagne fut élu député en 1914, puis nommé commissaire général des troupes africaines (avec rang de ministre) dans le gouvernement Clémenceau de 1917, avant de devenir sous-secrétaire d'état aux colonies en 1931, six ans avant que Gaston Monnerville n'occupe ce même poste.

J'apprends aujourd'hui (par la lecture du Monde Diplomatique de ce mois) qu'il fut devancé par un antillais, Severiano de Heredia (photo), né à la Havane, lui aussi adopté, et naturalisé français. Il fut président du conseil municipal de Paris, député du XVIIe arrondissement, puis ministre des Travaux Publics en 1887.

lundi 9 janvier 2012

L'Empire contre-attaque

Le Monde Diplomatique de Décembre livre un intéressant article
comparant le modèle des états-nations, qui "repose sur une utopie,
celle de l'homogénéité: un peuple, un territoire, un gouvernement", et
les différentes structures impériales qui au cours de l'histoire, ont
réussi la gestion de la diversité.

Vues sur le monde chinois

Le Monde d'hier publie une interview de Ian Buruma dont je garde ici la trace.

Un sondage de l'Institut Pew a montré que les Américains croient que
la Chine est devenue la première puissance économique mondiale. Or
elle reste loin des Etats-Unis. C'est un fantasme typique...


C'est une combinaison d'ignorance et de peurs, exploitées par des
chroniqueurs de radios dans le but de blâmer Barack Obama. Mais je le
répète : le déclin des Etats-Unis est un fait, comme la montée en
puissance économique de l'Asie. Ce déclin génère un choc, dont il ne
faut pas s'alarmer inconsidérément. Au début du XXe siècle,
l'invention du personnage de Fu Manchu (sorte de génie du Mal
incarnant le "péril jaune") avait provoqué un arrêt de l'immigration
sino-nipponne en Amérique qui avait même eu un impact en Europe. A
suivi la menace communiste, qui était, pour les Etats-Unis, loin
d'être aussi réelle qu'on l'a présentée. Mais même la CIA y a
sincèrement cru.

lundi 10 octobre 2011

Arts de Corée

Belle découverte des arts traditionnels de la Corée au travers de la campagne "Varilux Craftman Campaign"organisée par Essilor Korea. Faiseurs de calligraphies, d'éventails, de cloches, de pinceaux, de flûtes, de meubles ou de "totems"( jangseung en coréen) que cette initiative permet de soutenir, et de nous faire découvrir.
Site de Essilor Korea (en coréen).

jeudi 6 octobre 2011

There is no reason not to follow your heart.



Remembering that I'll be dead soon is the most important tool I've ever encountered to help me make the big choices in life. Because almost everything — all external expectations, all pride, all fear of embarrassment or failure - these things just fall away in the face of death, leaving only what is truly important. Remembering that you are going to die is the best way I know to avoid the trap of thinking you have something to lose. You are already naked. There is no reason not to follow your heart.

Steve Jobs - 2005

dimanche 11 septembre 2011

Obsolescence programmée

De ma vie de consommateur, j'aurai connu trois produits parfaits. Ces produits je les ai aimés, passionnément j'aurais passé ma vie en leur présence, rachetant régulièrement à mesure de l'usure naturelle, des produits identiques. Une relation parfaite et fidèle s'était établie faisant de moi un consommateur heureux. Je n'étais pas absolument heureux, à tous points de vue, dans la vie, mais au moins j'avais cela : je pouvais, à intervalles réguliers, racheter une paire de mes chaussures préférées. C'est peu mais c'est beaucoup, surtout quand on a une vie intime assez pauvre. Eh bien cette joie, cette joie simple, ne m'a pas été laissée. Mes produits favoris, au bout de quelques années, ont disparu des rayonnages, leur fabrication a purement et simplement été stoppée. C'est brutal, vous savez, terriblement brutal. Alors que les espèces animales les plus insignifiantes mettent des milliers, parfois des millions d'années à disparaître, les produits manufacturés sont rayés de la surface du globe en quelques jours, il ne leur est jamais accordé de seconde chance, ils ne peuvent que subir, impuissants, le diktat irresponsable et fasciste des responsables de lignes de produit qui savent naturellement mieux que tout autre ce que veut le consommateur, qui prétendent capter une attente de nouveauté chez le consommateur, qui ne font en réalité que transformer sa vie en une quête épuisante et désespérée, une errance sans fin entre des linéaires éternellement modifiés.

Michel Houellebecq - la Carte et le Territoire

samedi 20 août 2011

Mayday ?


Je viens de terminer "La politique, telle qu'elle meurt de ne pas être" livre d'entretiens entre Alain Juppé et Michel Rocard. Bilan: un espoir puisqu'il reste encore de tels hommes de bonne volonté. Mais aussi, tant l'issue paraît lointaine et compliquée, l'impression que ce sont là peut-être les musiciens d'un Titanic qui a déjà touché l'iceberg...

dimanche 29 mai 2011

Céleste empire


Visiter Pékin comme je viens de le faire, 15 ans après un premier séjour, c'est aller d'étonnements en questionnements.

Contrairement à Shanghai et ses alentours, dont les hôtels trop neufs aux peintures trop fraîches rappellent somme toute le far-west américain et ses villes-champignons, le centre de la capitale chinoise semble faire surgir d'un passé prestigieux
un monde encore jamais vu.


Parmi les sujets d'étonnement :

  • économie: même si bien sûr Jianguomenwai n'est pas représentatif de toute la Chine, le niveau de prospérité qu'on y découvre est impressionnant.
  • communication : facile, même si Facebook reste filtré. Nombre de jeunes gens n'hésitent pas à aborder les étrangers, dans un anglais ou un français plus que correct.
  • écologie: le flots de 2 roues est aussi bien canalisé qu'à Amsterdam, et sans la pétarade qui l'accompagne dans d'autres capitales d'Asie = à Pékin, les mobylettes sont électriques.

Mes collègues américains n'étaient pas les moins étonnés : comme le note
William Pfaff (*), les Pères Fondateurs ont fortement implanté dans les esprits américains la notion biblique d'histoire en tant que processus rectiligne, menant nécessairement toutes les civilisations vers le même destin : se couler dans un modèle préfiguré par les Etats-Unis.

Et voici que Pékin apparaît comme une autre "city upon a hill", baignée semble-t-il par la grâce divine sans adhérer aux principes démocratiques et économiques occidentaux.

Alors, faut-il se préparer à subir l'hégémonie dominatrice du Céleste Empire, ou, comme semble le croire J.Attali dans son dernier ouvrage, le système chinois va-t-il se fondre dans une démocratie mondiale pour le bien de l'humanité ?
(*) Le Monde Diplomatique mars 2011

samedi 21 mai 2011

Crime et châtiment

Dans l'affaire qui fait les unes du monde entier depuis une semaine, ce qui étourdit n'est pas vraiment, contrairement à ce qu'indique un commentaire donné sur le blog de Maître Eolas, le fait qu'il s'agisse d'un personnage dont on s'imagine "qu'on le connaît, qu'il est comme nous, qu'il ne peut pas être un criminel...". Cela, c'est plutôt peut-être le sentiment que peuvent éprouver les connaissances personnelles de DSK.

Ce qui me laisse perplexe et songeur, c'est que, si le crime était avéré, il faudrait en déduire que chez un individu éduqué, supposé rationnel et probablement supérieurement intelligent, le passage à l'acte criminel peut intervenir en totale contradiction avec le "trade-off" le plus basique des enjeux : pas grand chose à gagner, tout à perdre. Dans le cas d'un Madoff, la règle du "à qui profite le crime" s'appliquait pleinement. Mais dans le cas présent ? Paul Valery aurait-il donc eu raison d'écrire : « la plupart des crimes sont des actes de somnambulisme, la morale consistant à réveiller à temps le terrible dormeur » ?

Sur un tout autre point de vue, il est étonnant que l'Europe ou les Nations Unies n'aient jamais songé à obtenir l'immunité diplomatique pour les dirigeants du FMI. Même si la morale ou la justice n'y trouvent pas leur compte, les Etats-Unis n'ont semble-t-il de leur côté pas oublié de protéger leurs ressortissants des risques d'une juridiction étrangère : la charte de la Banque Mondiale (article VII section 8) octroie l’immunité à son dirigeant (traditionnellement américain) et à ses fonctionnaires dans l’exercice de leur fonction. Bénéficient aussi de l'immunité diplomatique tous les directeurs exécutifs des agences des Nations Unies (section 21 de la convention de 1947 sur les privilèges et immunités des agences spécialisées de l'ONU).

jeudi 21 avril 2011

Vue sur images


Le tsunami qui a dévasté la côte nord-est du Japon a mis en évidence le monde de communication et d'immédiateté dans lequel nous vivons désormais.

Je me souviens, lors du séisme de Kobe en 1995, être parti travailler - j'étais alors à Tokyo - alors que les bulletins d'infos TV du matin ne diffusaient que des images anodines de trains arrêtés en gare d'Osaka du fait d'un tremblement de terre. Alors que la catastrophe avait eu lieu à l'aube, peu avant 6 heures, aucune information ne m'en laissa paraître l'ampleur - 6300 victimes - jusqu'à mon retour du travail, le soir.

Le 11 mars, prévenu par un SMS alors que je préparais une réunion à Daejon en Corée, je me connectais sur NHK World avec mon iPhone, et vis la vague noire engloutir les environs de Sendai, sans d'ailleurs réaliser tout de suite que ces images halucinantes étaient du direct.

YouTube conserve désormais de nombreux témoignages visuels de l'incroyable puissance de la vague destructrice. Je prends note ici de celles de ces vidéos qui m'ont le plus marqué.
Et aussi au passage, l'adresse de MSF en France et MSF Japon.

Minami-sanriku


Oirase-machi


Sendai


Miyako-shi


Nodamura

vendredi 18 mars 2011

Ces Japonais à l'héroïsme poignant

Calme au Japon, catastrophisme en Occident.

Le Monde publie aujourd'hui un beau texte de François Lachaud, directeur d'études à l'Ecole française d'Extrême-Orient, spécialiste d'études japonaises, que je reprends dans son intégralité pour en conserver la trace.


La voix de Masumi, qui vit à Ogawa-machi (dans le département japonais de Saitama), soit à moins de 300 kilomètres de la région ou le tsunami et le tremblement de terre se sont produits, donne l'impression d'être entièrement maître d'elle-même ; elle s'inquièterait plus tôt de mon sort ici en France, de celui de mes parents ou d'autres amis. Le 15 mars, elle a même pensé à souhaiter l'anniversaire à un membre de ma famille avant toute chose. Cette délicatesse, cette grandeur d'âme, exprimées à la perfection dans les plus menus détails et en pareille situation me semblent les traits les plus "japonais" dans les cauchemars du quotidien. C'est une attitude identique que l'on retrouvait dans les ruines de Kobe après le grand séisme du 17 janvier 1995. Je m'étais porté volontaire sans trop savoir pourquoi, ni quel secours je pourrais apporter. Peut-être une idée vague que je pouvais être utile. Parmi les débris matériels et les restes déjà mis de côté, j'avais fait l'expérience d'une inoubliable détresse, au-delà des mots, d'une "histoire naturelle de la destruction" qui dépassait, de bien loin, mon entendement.

vendredi 11 février 2011

Nous entrerons dans la carrière...


Il faut qu'un ministre des affaires étrangères soit doué d'une sorte d'instinct, qui l'avertissant promptement, l'empêche avant toute discussion de jamais se compromettre. Il lui faut la faculté de se montrer ouvert en restant impénétrable, d'être réservé avec les formes de l'abandon, d'être habile, jusque dans le choix de ses distractions. Il faut que sa conversation soit simple, variée, inattendue, toujours naturelle et parfois naïve. En un mot, il ne doit pas cesser un moment dans les vingt-quatre heures d'être ministre des affaires étrangères.

Charles Maurice de Talleyrand-Périgord

vendredi 19 novembre 2010

Défense de s'afficher

France-Info signale ce matin que la Chine a ordonné à l'ensemble des pays de la communauté internationale de ne pas envoyer leurs ambassadeurs à la cérémonie de remise des Prix Nobel qui doit se tenir à Stockholm le 10 décembre.
Doit y être récompensé, en son absence, le Prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo.

Le gouvernement chinois demande aux différents pays de lui signifier au plus tard lundi 22 novembre si ils entendent suivre cette instruction ou pas.


(Illustration: A bas l'impéralisme américain. Affiche. Chine. 1960)

jeudi 4 novembre 2010

Spéculation: suite et faim


Le Monde Diplomatique d'octobre nous informe que l'objectif du millénaire: éradiquer la faim dans le monde avant 2015, ne sera pas atteint. Au contraire, on régresse et "pour la première fois de l'histoire, plus d'un milliard de personnes se coucheront tous les soirs le ventre vide". Les fonds financiers spéculatifs, sauvés in-extremis il y a peu, investissent avec force un nouveau terrain de chasse : les matières agricoles. Lié à un contexte climatique limitant les récoltes de blé, de riz et de thé cette année, la spéculation renforce une volatilité des cours qui ne profite pas aux producteurs de ces denrées, et en prive de plus en plus de consommateurs pauvres.

samedi 9 octobre 2010

Jurisprudence


Nos lois écrites sont souvent difficiles à comprendre, mais chacun peut y lire ; il n'y a rien, au contraire, de plus obscur pour le vulgaire, et de moins à sa portée, qu'une législation fondée sur des précédents. Ce besoin que l'on a du légiste en Angleterre et aux Etats-Unis, cette haute idée que l'on se forme de ses lumières, le séparent de plus en plus du peuple, et achèvent de le mettre dans une classe à part. Le légiste français n'est qu'un savant ; mais l'homme de loi anglais ou américain ressemble en quelque sorte aux prêtres de l'Égypte ; comme eux, il est l'unique interprète d'une science occulte.

A. de Tocqueville. De la Démocratie en Amérique.

vendredi 17 septembre 2010

Citations


2 citations qui ont retenu mon attention cette semaine:




“Dans notre Etat du Führer la loi, c’est le plan et la volonté du Führer. C’est lui qui détermine la mesure et les mises en pratique des idées national-socialistes, […] comme des règles de conduite pour tous les concitoyens, surtout pour ses collaborateurs dans le domaine du droit.”
(Berliner Boersezeitung, 8.10.1935) in “Das Deutsche Volk Klagt an (1936)” traduction française : “Le peuple allemand accuse (1938)”, éditions du Carrefour.


“La France est une nation souveraine. On n'a pas de leçon de morale à recevoir d'une commissaire, qui je crois représente un petit pays de 350 000 habitants. Nous sommes un grand pays de 57 millions. Je ne suis pas sûre que son pays natal ait les mêmes préoccupations que nous vis-à-vis de l'arrivée des installations sauvages, des gens du voyage. Je trouve cela scandaleux et ça va conforter le sentiment anti-européen dans notre pays."
Chantal Brunel, député de Seine-et-Marne, porte parole de l'UMP - France Info, 15 septembre 2010.

dimanche 22 août 2010

Malade de gourmandise


Pas encore acheté, mais qui me fait bien envie : le dernier livre du médecin gastronome Jean-Philippe Derenne, "Cuisiner en tous temps en tous lieux". Écrit après qu'il a vécu l'expérience d'avoir à régaler sa femme hospitalisée en longue durée, le livre liste 450 recettes à préparer avec "les moyens du bord", bouilloire et sac plastique. Un exemple :

Coquilles Saint-Jacques à la Coriandre.
Ingrédients: 5 noix de Coquilles Saint-Jacques, 10 g de beurre, 1 c.s. de crème, 10 tiges de coriander, sel, poivre.
Instruments: use bouilloire de 1 l., un conteneur en plastique d'1,5 l, 2 sacs à congélation de 1 l, une assiette, un couteau, une fourchette.
Préparation : bien nettoyer les noix en enlevant le corail et d'éventuels restes de système digestif. Les laver. Les sécher. Mettre les noix dans le premier sac. Bien appuyer pour chasser l'air. Fermer avec une attache. S'assurer qu'elles ne se chevauchent pas et ne forment qu'une seule couche. Laver, sécher et effeuiller la coriandre. Hacher les feuilles. Mettre coriandre, beurre, crème, sel et poivre dans le deuxième sac. Bien appuyer pour chasser l'air. Fermer avec une attache.
Cuisson: faire bouillir 1 l d'eau dans la bouilloire. Placer les 2 sacs au fond du conteneur, coller vers le haut. Verser l'eau bouillante. Après 3 minutes et demie, jeter l'eau. Ouvrir le premier sac. Mettre les coquilles dans l'assiette. Ouvrir le deuxième sac. Verser la sauce sur les coquilles.

lundi 24 mai 2010

Couleur locale


"Soyons clairs : Obama est noir aux États-Unis. En Afrique, il est mulâtre. Si Obama était africain, on lui jetterait sa race au visage."

Mia Couto - écrivain mozambicain -
Et si Obama était africain..., éditions Chandeigne, Paris 2010.

lundi 17 mai 2010

Identités



Pour réussir le débat sur l'identité nationale, peut-être aurait-il fallu en restreindre les participants à ceux d'ici venus de là-bas, Français depuis moins de trois générations, et à ceux de là-bas partis d'ici, Français "de souche" expatriés aux quatre coins du monde.
Tant il est vrai que la réflexion sur ce que l'on est s'enrichit par le contact d'autres mondes et d'autres identités.

Prenons l'identité nationale coréenne : elle paraît forgée par le Confucianisme, au travers de l'histoire et de la géographie. L'histoire, ancestrale au sens premier du mot, fait de chaque Coréen le descendant respectueux d'une des lignées nationales, les Kim, Park et autres Lee, dont chacun en Corée connait les lointains héros. La géographie attache le Coréen aux collines où ses ancêtres sont inhumés. Ainsi consacrée, la terre de Corée devient un élément constitutif de l'identité nationale dont il ne peut être question de céder la moindre parcelle, fût-ce un amas de rochers émergeant de la Mer de l'Est.

Rien de tout cela dans l'identité de Français qui est la mienne. Originaire d'une province dont le rattachement à la Couronne ne date que de 1607, et dont la toponymie trahit parfois encore le séjour prolongé qu'y firent les Arabes de retour de Poitiers, ce n'est sans doute pas le lien du sang qui me rapproche des Dupont et des Durand. Quant à mon rapport aux lieux, il est trop marqué par mes voyages au long cours pour que s'impose à moi l'idée d'une "terre de mes ancêtres": les cryptomères de Nikko et le Campanile de Berkeley m'émeuvent autant que Belle-Île ou Gavarnie.

Pourtant, je me sens profondément attaché à mon pays, la France. Sans doute par fierté d'être du pays qui, pour reprendre le mot d'Henrich Heine, "a travaillé pour les deux plus grands besoins de l'humanité : la bonne chère et l'égalité civile".

mardi 11 mai 2010

Nostalgie


Que tu es loin, mon beau septembre.
Loin comme le Pays, 
Quand ses hanches, et le maïs, 
Étaient couleur de l'ambre.
On rit, on se baise, on déjeune.
Le soir tombe.
On n'est plus très jeune.

Paul-Jean Toulet (Pau 1867 - Guéthary 1920)

dimanche 18 avril 2010

Les voies du Seigneur


Se pourrait-il que le salut de l'Église vienne de l'élection d'un Allemand au trône de Saint-Pierre ?

Par contraste avec l'Islam ou l'Évangélisme américan, le Catholicisme paraît souvent, vu d'Europe, effacé et vieillissant. A part lors des Journées Mondiales de la Jeunesse, ses valeurs fondamentales, communauté des croyants et fraternité, sont rarement ce qui fait son actualité.
Le choix de Joseph Ratzinger par le conclave en 2005 avait renforcé les interrogations : un pape bavarois, âgé de 78 ans de surcroît, saurait-il témoigner de la vitalité d'une communauté dont les sources vives semblent se trouver en Asie, en Afrique ou en Amérique Latine ?
Il y a quelques semaines encore, un évêque français, Mgr. Rouet, déplorait l'incapacité de l'église catholique à communiquer dans le monde moderne.

Mais le renouveau vient peut-être justement d'Allemagne, (seul ?) pays où existe un débat public philosophique et religieux, qui ne se limite pas à l'opposition religieux-laïque comme en France ou en Italie, ou à l'affrontement modernisme-fondamentalisme comme aux USA ou en Iran.
En témoigne la présence médiatique du théologien Hans Küng, ancien condisciple et "challenger" du pape Benoît XVI: dans une forte "Lettre ouverte aux évêques catholiques du monde" publiée en français aujourd'hui par le Monde, le théologien suisse lance un appel à l'organisation d'un nouveau concile pour statuer face à "la plus profonde crise de crédibilité que l'Église ait connue depuis la Réforme".
Largement repris en particulier dans le monde hispanique (cf. Twitter), l'article du Dr. Küng provoque aussi la réaction des partisans de la réforme lente (cf. holybuzz.com): le débat est ouvert.

dimanche 28 mars 2010

Bouquins


Le Salon du Livre, qui se tient à Paris jusqu'au 31 mars, a permis de constater la relative bonne santé du secteur de l'édition en France.
Bien que les sondages nous rapportent régulièrement les chiffres désolants du nombre de Français qui n'ouvrent pas un bouquin de l'année, il s'est publié en 2009 plus de 70 000 titres, vendus à près de 400 millions d'exemplaires.
C'est moins bien que le Japon qui approche les 100 000 ouvrages publiés et dépasse les 1,4 milliards de livres vendus, mais c'est mieux que la Corée: 41 000 titres et 130 millions d'exemplaires.


vendredi 26 mars 2010

Peut-on emprisonner le Pape ?


C'est la question que toute l'Europe se pose, le 7 septembre 1303, quand Guillaume de Nogaret, conseiller de Philippe IV le Bel, fait prisonnier le pape Boniface VIII, ce que l'histoire a retenu sous le nom d'attentat d'Agnani.

De fait, le pape fut rapidement libéré. Mais discrédité, il ne pu poursuivre son projet de régime théocratique dominant les monarchies temporelles européennes.

De nombreux historiens voient dans l'attentat d'Agnani une étape décisive dans l'émancipation du pouvoir temporel vis-à-vis du pouvoir spirituel, qui fait encore aujourd'hui une spécificité de l'Europe. (Ref.)

jeudi 25 mars 2010

Comédie Humaine


Le Monde du 22 mars nous livre un article d'anthologie, sous la plume de Pascale Robert-Diard. Je le reproduit ici en intégralité car il est rare désormais de trouver dans les journaux une telle pépite littéraire :





Deux hommes en colère.

Ces deux-là se connaissaient peu et ne s'aimaient guère. Jamais ils n'avaient partagé une audience d'assises. Dans la vie, tout les oppose. Francis Szpiner, avocat au barreau de Paris, aime le pouvoir, défend ceux qui le détiennent en rêvant d'être des leurs. Il apprécie les honneurs. Eric Dupond-Moretti, inscrit au barreau de Lille, s'est construit depuis l'affaire d'Outreau une solide réputation de dynamiteur.
Pendant trois semaines, devant la cour d'assises du Tarn à Albi, leur face-à-face a dominé le procès de Jacques Viguier. Me Dupond-Moretti jouait gros. Son client avait été acquitté devant une première cour d'assises, où il était défendu par Georges Catala, du barreau de Toulouse etHenri Leclerc. "S'il est acquitté, on dira que c'est normal. S'il est condamné, on dira que c'est de ma faute", disait-il. Collectionneur d'acquittements, il a promis à ses amis de franchir la barre du centième en 2010. MeSzpiner, lui, représentait déjà la partie civile à Toulouse, avec les soeurs de Suzy Viguier, et espérait une revanche en appel.

Ils se sont d'abord, comment dire, reniflés. Le premier a le trait de cruauté facile, la seule présence physique du second remplit l'espace. Chacun a reconnu en l'autre un adversaire à sa mesure. La guerre de l'audience pouvait commencer.

Solanum lycopersicum

Un intéressant article du Monde Diplomatique de ce mois nous dévoile par quel miracle des tomates à moins de 2 euros le kilo sont disponibles, en plein hiver, dans nos grandes surfaces : récoltées encore vertes par des clandestins payés le tiers du coût d'un ouvrier agricole français, acheminées par des norias de camions souvent conduits par des Ukrainiens exploités, ces fruits se distinguent aussi par le choix d'une variété particulièrement dure, conçue pour résister au transport et aux diverses manipulations.
Le plus savoureux, si l'on peut dire, est que "le consommateur qui pense éviter [cette mauvaise qualité] en achetant chez le primeur de son quartier s'illusionne : lorsqu'une palette est refusée au cul du camion par une grande surface, il arrive souvent qu'on m'appelle pour me proposer la marchandise, avoue un grossiste."

dimanche 14 février 2010

1989-2009


La fin de l'histoire annoncée par Francis Fukuyama n'aura donc duré que 20 ans.
En 1989, la chute du mur de Berlin et le début des difficultés de l'économie japonaise, un temps présentée comme championne du monde, semblaient établir 3 certitudes = la diffusion inéluctable du modèle démocratique occidental, la supériorité de l'économie de marche non régulée et la superpuissance sans partage des Etats-Unis. En 2009 encore, on pouvait imaginer un G2, où USA et Chine gouverneraient le monde dans une sorte de nouvelle Entente Cordiale.

Il apparaît aujourd'hui qu'il faudra peut-être s'habituer à une nouvelle guerre froide.
Contrairement au Japon des années 80, qui était souvent un imitateur fasciné de l'Europe et des Etats-Unis, la Chine monte en puissance sans aucune révérence pour le modèle occidental. Sur le plan politique, l'Empire du Milieu, trouvant dans son histoire millénaire la justification de son "destin manifeste", a d'autant moins le soucis de nous ressembler que la démocratie individualiste est une menace potentielle pour son unité. Sur le plan des idées, comme le note Denis Olivennes, ses penseurs semblent nous dire : "d'accord sur l'universalité de certaines valeurs mais pourquoi voulez-vous que soit universel ce qui vous est particulier ?" Enfin sur le plan économique, la Chine déjà premier exportateur du monde s'apprète à passer du quantitatif au qualitatif. La maison Hermès ne s'y est pas trompée, en préférant pour la première fois de son histoire à sa marque propre la création d'une nouvelle griffe : Shang Xia, une maison «authentique, avec un style, des matières et des savoir-faire ancrés dans la culture chinoise». (Le Monde du 20 janvier)

mercredi 10 février 2010

Ça n'arrive pas qu'aux autres

... puisque ce ne sont pas moins de 2200 cas par jour qui ont été répertoriés en France l'an dernier, et hier encore, concernant une adolescente de 14 ans interpelée à son domicile : la ministre de la justice s'en est émue. Le 2 février, le Premier Ministre s'était déclaré "choqué" après avoir appris la nouvelle augmentation du nombre de cas en 2009. Il avait déjà exprimé sa préoccupation en novembre dernier après un cas "musclé" implicant un avocat.
Bref, le gouvernement s'en occupe mais rien ne semble pouvoir arrêter l'épidémie de gardes à vue qui frappe la France. 200000 cas en 2002, 600000 en 2008, 800000 l'an dernier, en excluant les cas liés à des infractions routières.

Sur les conditions de la garde à vue, voir le témoignage d'un sénateur sur Public Sénat:

mercredi 3 février 2010

Création d'un monde


Le New York Times du 31 janvier consacre un papier à "Steve Jobs et l'Économie de l'Élitisme". Les bons produits, d'après le patron d'Apple, sont le triomphe du "goût". Et le goût, explique-t-il, vient par l'étude, par l'observation et par l'immersion dans la culture du passé et du présent, par l'effort pour s'exposer au meilleur de ce que les hommes ont produit, et pour intégrer ces choses dans ce que l'on fait. Sa vision n'est pas une philosophie du design dirigée par un comité de pilotage ou déterminée par des études de marché. La "formule Jobs", disent ses collègues, s'appuie sur la ténacité, la patience, la conviction et l'instinct. Il s'implique fortement dans les choix de design du hardware comme du software, qui sont soumis à son approbation ou à son veto. M. Jobs, bien sûr, est un élément d'une large équipe à Apple, même si il en est le leader. Et il décrit lui même volontiers son rôle comme celui d'un chef d'équipe, dont le première responsabilité est de choisir les membres clés de l'équipe en recherchant les facteurs multiplicateurs de l'excellence. Des designers, des ingénieurs et des manageurs hors du commun, dit-il, qui sont non pas 10%, 20% ou 30% meilleurs, mais 10 fois meilleurs que de très bons professionnels. Leurs contributions, ajoute-t-il, sont la matière première des produits exceptionnels, ce qui va amener les utilisateurs à repenser l'idée qu'ils se font d'un balladeur ou d'un téléphone.

mardi 2 février 2010

Un monde de merde

Dans sa dernière livraison, le Monde Diplomatique rappelle que si les risques sanitaires et géopolitiques liés à l'accès à l'eau potable sont souvent l'objet de l'attention des médias, il est un autre problème plus terrible et rarement exposé : l'assainissement des eaux usées et des excréments.

Tous les ans, un million et demi d'enfants dans le monde meurent littéralement empoisonnés par leur merde.
Dans un monde qui dépense en armements 3,3 milliards de dollars par jour.

(Illustration: Idées Noires, par Franquin)

samedi 23 janvier 2010

Versets sataniques (2)


On savait déjà que les rapports "Intelligence Briefings" remis au président G.W. Bush par le ministre de la défense Donald Rumsfeld étaient illustrés de citations bibliques.
On apprend aujourd'hui dans un article du Monde que des versets de la Bible sont gravés sur les viseurs de 300 000 fusils d'assaut utilisés par les forces US en Irak ou en Afghanistan.

"Père, pardonne-leur. Ils ne savent pas ce qu'ils font", Lc 23,34.

samedi 5 décembre 2009

La France qui change ?

A la lecture du Monde.fr aujourd'hui, quelques images de la France, que j'ai quittée il y a maintenant 10 ans :

- ça va pas fort dans l'éducation = [Parmi les profs remplaçants] il y a beaucoup de "bras cassés". Ils ne sont pas totalement indisponibles, mais ils sont souvent refusés par les directeurs d'école ou bien se mettent en maladie dès qu'ils n'ont pas l'affectation souhaitée, note un inspecteur d'académie.

- autre point de vue sur le même sujet, mais pas mieux = mes élèves de 4e rentrent au compte-gouttes. [...] Ils jettent leur sac, changent deux ou trois fois de place. Continuent à parler comme si je n'existais pas. Ne daignent pas sortir feuille, ou stylo. Un élève cherche à rouler une pelle à sa copine du moment, fait semblant d'être étonné que je lui demande des comptes. Un autre petit couple se tripote assidûment sous la table. Une gueulante. Les élèves s'assoient, mais n'arrêtent pas de s'interpeller. Une élève remarque mon désarroi et sourit à pleines dents "Elle va chialer !"

- la police, pas terrible non plus = Nous sommes notés en fonction du nombre de timbres-amendes qui entrent dans les caisses et du nombre d'affaires résolues, explique une jeune femme. Mais une élucidation d'affaire peut prendre plusieurs formes : si je constate un défaut d'assurance, c'est une élucidation. Si j'arrête un dealer, également. [...] Il est plus rentable de se poser au coin d'une rue un peu roulante et de faire du contrôle routier que de traquer des délinquants. [...] Une semaine nous devons axer notre action sur les sans-papiers, la semaine suivante sur les délits routiers, la troisième sur les bandes... cela n'a pas de sens.

- il faut dire que les ministres ont d'autres chats à fouetter = [le blog "identité nationale"] hébergé par le site du ministère de l'immigration est devenu un véritable défouloir pour la France décomplexée. Le ministre de l'identité nationale s'est lui-même ému mercredi de contributions présentant "un caractère raciste et xénophobe".

Heureusement qu'il nous reste l'UMP pour nous réjouir de la France qui change =

dimanche 22 novembre 2009

Surchauffe

Entre 1820 et 1870, leurs années de croissance maximale, les Etats-Unis ont connu une augmentation annuelle moyenne de 4,2% de leur PNB, et le Royaume-Uni de 2%. Un rythme bien plus lent que celui de nombreux pays asiatiques actuellement. Ainsi depuis trois décennies, la Chine a une croissance de près de 10% l'an...

Martin Jacques - When China rules the world - the rise of the Middle Kingdom and the end of the Western World, London School of Economics publisher.

dimanche 1 novembre 2009

La bourse ou la vie ?


La chronique Education de France-Info nous rappelle aujourd'hui quelques évidences oubliées par les "éducateurs" qui ont proposé de payer les élèves pour les inciter à ne plus sécher les cours:

- le rôle de l'éducation, c'est d'amener les enfants, initialement mus par le seul principe de plaisir ("je fais tout et rien que ce qui me plaît"), à accepter une discipline, un effort, et peu à peu à découvrir que la satisfaction du travail accompli se trouve dans la réussite et la vie en harmonie avec les autres. Payer un élève pour aller en classe, c'est renoncer à ce travail d'éducation et l'inciter à rester dans la satisfaction immédiate... Demain, faudra-t-il payer ces enfants devenus adultes pour qu'ils s'arrêtent au feu rouge ?

- c'est aussi renoncer à plus d'un siècle de pédagogie pour revenir à un système archaïque de contrôle des esprits : la carotte, et évidemment son corollaire indispensable, le bâton. Ainsi se justifie la répression de masses devenues "rétives à toute éducation".

- enfin, c'est établir l'argent comme mesure de tout et de tous, ce qui ne semble pas être la meilleure façon d'éloigner la jeunesse de la délinquance. Mais sur ce point, les éducateurs de l'Académie de Créteil n'ont peut-être fait que suivre un exemple venu de plus haut...

vendredi 30 octobre 2009

Si tous les gars du monde...

Un événement passé quasi inaperçu au milieu des G8, G20 et autres conférences sur le climat qui ont occupé le devant des médias ces derniers mois, sans d'ailleurs déboucher sur grand chose : l'annulation de la Conférence des Nations Unies sur la Crise Financière et Economique Mondiale et son impact sur le développement.
Le Monde Diplomatique nous rappelle dans sa livraison de ce mois, que cette conférence, proposée par le président de l'Assemblée Générale de l'ONU et préparée par une commission dirigée par le Prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz, a été boudée par les pays "poids lourds" de l'économie mondiale, qui ont préféré discuter des affaires d'argent entre riches. Peut-être parce que le rapport Stiglitz pointait du doigt la "disparité croissante des revenus dans la plupart des pays" comme l'une des causes de la crise.

vendredi 16 octobre 2009

La morale de l'histoire


Lecture du magazine Pomme d'Api, auquel je viens d' abonner mon fils. La première histoire de ce mois : Gus le cochon, chargé par son père épicier de faire les livraisons dans le voisinage, profite des circonstances pour voler un bonbon, et, la disparition du bonbon n'étant pas passée inaperçue, de mentir en disant qu'il a dû se perdre... L'histoire est plutôt amusante, jusqu'à la conclusion qui fait fi de toute morale :"Ses copains, eux, ont deviné où ce bonbon a disparu : dans le ventre de Gus. Mais ce n'est pas très grave. L'épicier les attend avec une récompense pour chacun."

Le sens moral a-t-il à ce point disparu en France, par rapport à l'époque où, enfant, je lisais dans les romans de la Comtesse de Ségur, des histoires similaires mais à la conclusion toute différente ?