L'autobiographie d'Alan Greenspan, Le Temps des Turbulences, se lit comme un roman. Patron de la banque centrale des Etats-Unis (FRB) pendant plus de 18 ans, M. Greenspan était sans doute le mieux placé pour raconter l'épopée de l'Amérique libérale dominant le monde économique.
Quelques réserves cependant: d'une part, le livre est opportunément sorti avant la crise des sub-primes, que la politique suivie par la FRB a sans doute en partie provoquée. Mais surtout, le chapitre 13, qui compare les différents modes de capitalisme, n'est pas loin du ridicule dans sa démonstration de la supériorité du modèle américain "loi de la jungle", pour reprendre les termes, cités, d'Edouard Balladur, face aux pratiques plus policées du continent européen :
S'agit-il d'une simple alternative, écrit Greenspan (p.277), entre une conduite civilisée, comme la définissent ceux qui trouvent la compétition brute déplorable, et une meilleure qualité de vie matérielle, qui reste néanmoins le but le plus largement recherché ? Il n'est pas évident dans une perspective à long terme qu'une telle alternative fasse le moindre sens. Au cours du siècle passé, par exemple, la croissance économique aux Etats-Unis, née de la compétition et des marchés, a créé des ressources [...] employées pour une large part aux fins d'améliorer la qualité de la vie dans de nombreux domaines. Pour citer les principaux : (1) une plus longue durée de vie [...] ; (2) un système universel d'éducation qui a permis une mobilité sociale grandement accrue ; (3) des conditions de travail largement améliorées ; et (4) la capacité d'améliorer notre environnement, en mettant de côté des ressources naturelles dans des parcs nationaux...
Ne pouvant suspecter Alan Greenspan de bêtise, je préfère supposer une énorme mauvaise foi...
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