lundi 17 mai 2010

Identités



Pour réussir le débat sur l'identité nationale, peut-être aurait-il fallu en restreindre les participants à ceux d'ici venus de là-bas, Français depuis moins de trois générations, et à ceux de là-bas partis d'ici, Français "de souche" expatriés aux quatre coins du monde.
Tant il est vrai que la réflexion sur ce que l'on est s'enrichit par le contact d'autres mondes et d'autres identités.

Prenons l'identité nationale coréenne : elle paraît forgée par le Confucianisme, au travers de l'histoire et de la géographie. L'histoire, ancestrale au sens premier du mot, fait de chaque Coréen le descendant respectueux d'une des lignées nationales, les Kim, Park et autres Lee, dont chacun en Corée connait les lointains héros. La géographie attache le Coréen aux collines où ses ancêtres sont inhumés. Ainsi consacrée, la terre de Corée devient un élément constitutif de l'identité nationale dont il ne peut être question de céder la moindre parcelle, fût-ce un amas de rochers émergeant de la Mer de l'Est.

Rien de tout cela dans l'identité de Français qui est la mienne. Originaire d'une province dont le rattachement à la Couronne ne date que de 1607, et dont la toponymie trahit parfois encore le séjour prolongé qu'y firent les Arabes de retour de Poitiers, ce n'est sans doute pas le lien du sang qui me rapproche des Dupont et des Durand. Quant à mon rapport aux lieux, il est trop marqué par mes voyages au long cours pour que s'impose à moi l'idée d'une "terre de mes ancêtres": les cryptomères de Nikko et le Campanile de Berkeley m'émeuvent autant que Belle-Île ou Gavarnie.

Pourtant, je me sens profondément attaché à mon pays, la France. Sans doute par fierté d'être du pays qui, pour reprendre le mot d'Henrich Heine, "a travaillé pour les deux plus grands besoins de l'humanité : la bonne chère et l'égalité civile".

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