dimanche 12 octobre 2008

Traçabilité



Un mensonge ne peut jamais être effacé. Même la vérité n'y suffit pas.
Paul Auster.


Le scandale du lait frelaté contenant de la mélamine en Chine montre bien comment, dans notre économie globalisée, les conséquences d'un incident industriel peuvent se retrouver dans les endroits les plus inattendus, par exemple dans des produits de l'industrie laitière néo-zélandaise, que l'on aurait pensée insoupçonnable.

Fort heureusement, les crises récentes, et en particulier l'épidémie de la "vache folle", ont amené à la mise en place en Europe, et par effet positif de la globalisation, dans le reste du monde, de systèmes de sécurité alimentaire qui permettent d'assurer une traçabilité des produits alimentaires. Bien que dans le cas présent, l'origine de la pollution ne soit pas accidentelle, la mélamine ayant été introduite de manière frauduleuse dans le processus, ces systèmes ont pu identifier relativement rapidement les lots éventuellement contaminés à travers le monde.

Opérant à plus grande échelle que les laitiers chinois, l'industrie du crédit américaine a mis sur le marché des milliards de dollars de produits frelatés. Malheureusement, les systèmes de traçabilité n'existent pas pour les produits financiers. Au contraire, les Etats-Unis, dans leur obsession de libéralisation du système à outrance, ont supprimé jusqu'aux indicateurs les plus basiques. Par exemple, depuis mars 2006, les États-Unis ne publient plus l’indice M3: ils ne renseignent plus le monde sur les quantités de monnaie qu’ils créent. Résultat de cette opacité : n'ayant jamais entendu parler des "sub-primes" jusqu'à l'été dernier, les financiers du monde entier ont accumulé sans le savoir ces produits frelatés et les ont utilisés pour fabriquer leur propres produits. On découvre soudain qu'il y en a partout et que personne n'est capable d'en garantir la traçabilité.
Il ne faut pas s'étonner que les investisseurs deviennent subitement plus frileux que, dans le passé, les consommateurs de steak.

Après les mensonges avérés qui ont justifié la guerre en Irak, c'est à nouveau des États-Unis que nous vient cette attaque contre l'ordre mondial. Dommage que l'entourage du président Bush, si prompt à justifier ses actions par une inspiration divine, n'ait pas lu avec plus d'attention le Livre de Jérémie.

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