Alors que les marchés boursiers repartent à la baisse, il est intéressant de se pencher sur les crises qui ont marqué les années 90. C'est ce que fait Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d'Économie, ancien vice-président de la Banque Mondiale et membre de l'administration Clinton, dans son ouvrage La Grande Désillusion paru en 2002.
Il y critique impitoyablement le ministère des finances américain et surtout le Fonds Monétaire International, qu'il accuse d'appliquer à outrance une idéologie du libre marché et du moins d'état, sans soucis des réalités locales, pour aboutir dans de nombreux cas au gâchis et à la ruine. Dans le même temps, les Etats-Unis n'hésitent pas à protéger leur marché si nécessaire. La démonstration, écrite dans un style simple et direct, est implacable.
Ce qui est effarant à la lecture de cet ouvrage, c'est de constater à quel point les problèmes posés par le capitalisme globalisé sont connus, des solutions socialement acceptables sont possibles, mais que l'idéologie dominante au FMI et au Département du Trésor (ou l'intérêt bien compris des milieux d'affaires occidentaux, si on préfère la théorie du complot) s'oppose à leur mise en oeuvre.
Plus encore, Stiglitz rappelle qu'à l'issue de la crise de 1997, une initiative avait vu jour pour refonder le système financier international, mais qu'elle n'avait pas réussi à secouer les dogmes qui pourissent la mondialisation. Qu'en sera-t-il cette année ?
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Particularité du système américain: la croyance quasi-religieuse dans le libre marché et le moins d'état à outrance n'est pas uniquement le fait d'une élite de privilégiés. Illustration: dans l'édition du 31 août dernier du St-Petersburg Times, feuille locale de l'ouest de l'état de Floride, un éditorialiste dresse, à l'occasion de la Fête du Travail (le 1er septembre aux USA), un bilan sévère de la politique économique de GW Bush. Constatant qu'entre 2000 et 2007, l'Amérique s'est enrichie mais que le revenu moyen des ménages a baissé, il critique notamment la politique qui conduit à "diaboliser les fonctionnaires, afin de préparer la privatisation de parties de la fonction publique - qui seront ainsi toujours payées par le contribuable, mais désormais avec de substantiels profits pour le secteur privé."
Dans les 2 jours qui suivent sa publication sur le site web du journal, cet article recueille 34 commentaires de lecteurs, dont près de la moitié (14 pour être exact) sont dans la veine de celui-ci :
"Anyone that needs the government to survive is weak and inferior. Taking a handout is admitting you are a failure. Supporting such stupidity makes you a mental patient. Socialism failed, Communism failed, give it up already."
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