Intéressants débats ces 2 dernières semaines sur France Culture dans l'émission l'Esprit Public (dimanche -11h) avec Jean-Paul Malrieu , physicien, directeur de recherches au CNRS, auteur de "Dans le poing du marché - Sortir de l'emprise libérale" et Jean-Luc Gréau, économiste, anciennement au MEDEF, auteur de "La trahison des économistes".
Quelques idées notées en vrac =
On est passé du liberalisme fondé sur une recherche d'intérêts individuels, à un néo-libéralisme dominé par une injonction radicale à la concurrence, posée en principe intangible et absolu. Laquelle met tous les salariés en situation d'instabilité sans préserver aucun refuge, jusqu'à imposer ces principes de concurrence à l'appareil de l'état et même à la production du savoir. Le résultat, dans un système en instabilité chronique, est une sorte d'état de guerre économique généralisée qui fragilise les individus, transforme complètement leur conscience de sujet et leur rapport au monde.
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Par ailleurs, le problème que nous avons aujourd'hui, c'est que la révolution technologique, pas plus maîtrisée que la révolution financière, désigne une partie majeure de la population comme inutile : de larges fractions de l'humanité n'ont à offrir que quelque chose qui n'intéresse plus personne, et se trouvent de fait exclues de la société. C'est là un point aveugle de la doctrine libérale, qui suppose qu'à condition d'en baisser le prix une offre trouvera toujours preneur. Ce n'est plus le cas aujourd'hui et c'est là qu'il y a dissolution du lien social.
Le traité de Lisbonne propose aux pays européens une solution en posant le principe d'une compétitivité de l'Europe dans "l'Economie de la Connaissance". Mais cela suppose une protection de la propriété intellectuelle qui parait irréaliste, et même contraire aux fondements du libéralisme. En outre, les carrières scientifiques et l'ascèse qu'elles supposent séduisent de moins en moins les jeunes européens. Enfin, les impératifs de rentabilité immédiate sont peu compatibles avec la production de la connaissance.
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Des pays comme la Chine, les Philippines, l'Indonésie... ont adopté un modèle de croissance basé sur les exportations alors même que leur marché intérieur offre un énorme potentiel de développement : 40% de l'économie représentée par les exports, pour un pays comme la Chine, c'est une anomalie, un indice du déséquilibre mondial.
Ceci étant, la concurrence de pays à bas coûts de main d'oeuvre et à "déficit social" n'est sans doute qu'un facteur de la déflation salariale dans les pays développés, laquelle n'étant que le résultat naturel, mécanique, du primât de la création de valeur pour l'actionnaire, en l'absence de mécanisme régulateur matérialisant le coût social ou écologique.
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